Logements défiscalisés : les résidents dansent

Contre toute attente, on peut déjà s'interroger sur la nécessité de construire de tels habitats sur une petite commune de moins de 6000 habitants. Sous prétexte de rassurer, on sécurise à outrance, on élève de hautes clôtures, on installe un portail que seuls les habitants peuvent actionner soit à l'aide d'un bipper, soit grâce à un relais téléphonique. Il s'agit déjà d'une rupture avec le monde extérieur.

Outre le fait que ces nouveaux dispositifs à la mode, rendus populaires  grâce aux discours sécuritaires d'une certaine classe politique ces dernières années, ne sont que très peu efficaces, ils ont surtout le don, non seulement d'enfermer les problèmes à l'intérieur de la résidence où les actes d'incivisme sont aussi nombreux et importants qu'ailleurs, mais également de provoquer des réactions anti-communautaires du fait de la délimitation de l'espace. Ces résidences donnent l'impression d'un lieu socialement distinct du reste de la ville, de lieux privilégiés et sectaires incitant des réactions d'agressivité et de vandalisme.

Au nom de quels critères, a-t-on délivré un permis de construire au promoteur OMNIUM GESTION pour édifier de tels bâtiments, qui en dehors d'une apparence confortable, ne répondent pas du tout aux besoins de la population de Villemur. Il en résulte bien sûr un nombre de logements vacants important que le promoteur aura bien du mal à combler compte tenu du turn-over des locataires et surtout du coût des loyers.

C'est à ce niveau que le bas blesse. En effet, si les investisseurs, qui pour la plupart sont issus de ce qu'on appelait encore il y a quelques mois la classe moyenne, sont assurés de percevoir une indemnité en cas de non location des logements pendant les premiers mois de l'acquisition grâce à la souscription d'une assurance de garantie locative, au terme de la première année sans location, les investisseurs doivent non seulement assumer l'intégralité des emprunts sans contrepartie, mais en plus ils perdent l'avantage des déductions fiscales accordées par la loi.

Il est bon de savoir que quelques mois seulement après la réception de la résidence Villemurienne, la société OMNIUM FINANCES annonçait le licenciement de 71 salariés sur le site de Toulouse, soit prés d'un tiers du personnel et que dans un même temps, Xavier Chausson, le fondateur de l'entreprise se plaçait à la 136ième place des 500 plus grosses fortunes françaises (voir La Dépêche du Midi du 07/04/2009). Les faits parlent d'eux-mêmes.

Par ailleurs, une information judiciaire a été ouverte à l'encontre de notre promoteur peu scrupuleux qui se voit aujourd'hui accusé d'escroquerie à l'assurance, laquelle demande à la justice de trancher sur la rédaction de baux fictifs (Dépêche du Midi du 05/06/09). Espérons que le dicton « Bien mal acquis ne profite jamais » sera de mise si de tels actes devaient être avérés.

Notre ville a certes besoin de développer son parc de logements et la municipalité réfléchit à une zone possible de construction. Reste à savoir ce que nous souhaitons comme habitat pour Villemur.

Le tissu économique de notre bourgade est fragile, la situation sociale de nombreuses familles est précaire. Bon nombre d'entre elles vivent dans des appartements qui frisent l'insalubrité.

Ce n'est sûrement pas ce genre d'habitat qui n'a rien de social, tant au niveau économique qu'humain, qu'il nous faut développer. Nous devons, par souci de sauvegarde de la dignité et du bien être de nos concitoyens, apporter la possibilité à toutes les familles de se loger tout en gardant à l'esprit l'importance de la mixité sociale qui fait la richesse culturelle d'une ville de quelque dimension qu'elle soit.

Nous devons œuvrer à restaurer les maisons du centre ville qui se dégradent et abritent pourtant des familles, nous devons exiger la rénovation des appartements HLM existants et la renaissance sociale de leurs occupants, nous avons le devoir de proposer l'accession à la propriété, mais pas au détriment du logement social qui fait cruellement défaut à notre pays.

Villemur bénéficie aujourd'hui d'une mixité sociale, culturelle et cultuelle. Ne perdons pas de vue ces trois éléments qui demeurent une richesse (n'en déplaise à certains) et permettre des échanges solides tout en créant des solidarités entre les différents groupes.

Ce n'est qu'en attachant de l'importance aux besoins et aux priorités de ses habitants, que notre ville pourra préserver sa qualité de vie et son expression citoyenne. Alors, soyons attentifs, ne laissons pas notre terre aux mains de promoteurs dont le seul but est la rentabilité immédiate au détriment du bien-être.

Catherine Tizon