DU BEL UNIFORME A L’ODIEUX MOUCHARD !

« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… »…Enfant, j’étais émerveillée par les rares photographes ambulants, fossiles dans l’art de l’immortalisation familiale, armés de leur lourd polaroid, qui nous proposaient de prendre la pose contre une petite pièce de l’ancien franc !

 

Aujourd’hui encore, nous retrouvons, au fil des années, ces photos jalousement enfouies au fond d’une boite à biscuits par nos grands-mères. Malgré le jaunissement lié au temps qui passe, elles demeurent les témoins des jours heureux, les témoins de notre histoire, un trait d’union généalogique pour nos enfants en quête du passé, de la constellation familiale dont ils sont issus.

 

Aujourd’hui, ces saltimbanques de la photographie ont disparu pour laisser place à ces petits appareils, merveilles de la technologie, sur lesquels les photos viennent s’amonceler avant de rejoindre le disque dur de l’ordinateur qui vient supplanter notre mémoire et avec lequel elles disparaîtront, effaçant en quelques secondes tant d’années de nos vies.

 

Pourtant, il existe encore des saltimbanques récalcitrants de la photographie ! Certes, le polaroïd a laissé la place à des merveilles numériques, mais ils sont bien là … et surtout là où vous vous y attendez le moins ! Regardez derrière ce bosquet, sur ce petit chemin de vignes parallèle à l’autoroute ou encore là, à quelques pas de chez vous, sur cette petite départementale que vous empruntez tous les jours !

 

Leur existence s’est révélée à moi dans des conditions bien particulières. Un soir à la nuit tombée, rentrant d’un bon week-end, une lumière m’éblouit. Zut, un rapide coup d’œil dans le rétro, je suis toute décoiffée, les yeux rougis par la route, décidément, le moment est bien mal choisi pour la photo ! Deux ou trois jours après, je découvre une enveloppe dans ma boîte aux lettres… sûrement le cliché ! Zut, juste la facture ! La modeste pièce donnée au photographe par nos grands parents a subi l’inflation : 90 euros et pas de photo ! Leur appareil numérique était réglé sur « photo sportive » ou « personnage en mouvement » cela dépend de l’appareil. Mais le réglage prévoyait une vitesse de mouvement à 50 km/h et je suis passée à 54 km/h ! Mon image doit sûrement être floue sur le cliché, mais il faut quand même payer ! Non pas le photographe…mais l’appareil numérique mis à disposition… par l’Etat !

 

Je découvre alors, désabusée, vexée et profondément déçue… pour la photo ratée… que mes saltimbanques n’existent pas davantage que mes talents de star de la photo !

 

Les beaux uniformes ont été remplacés par d’odieux petits mouchards ! Tout se perd ! Où est passé le temps où, avec un beau sourire, l’air navré mais tellement condescendant, nous repartions le cœur joyeux, fières de notre charme… et soulagées de ne pas ramener une amende à la maison !

 

Catherine TIZON

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<br /> je croie cathy que tu as raté ta vocation,je me régale de te lire,continue pour notre plaisir<br /> <br /> <br />
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