Mamie Jeanne…

Mamie Jeanne…
  • Bonjour Mamie Jeanne, il y a quelques jours que je ne vous avais pas vue, vous avez l’air bien soucieuse.
  • Bonjour, oh oui, je suis inquiète, ma petite minette est bien malade …

Et mamie Jeanne de me conter son malheur.

Minette ne mangeait plus, ses yeux étaient collées, son nez coulait …

Mamie Jeanne avait bien essayé de soigner sa petite compagne, elle l’avait gardée bien au chaud, avait tenté de partager son petit morceau de viande ou sa boite de thon, mais rien n’y faisait.

Elle avait dû se rendre à l’évidence, elle devait aller chez le vétérinaire.

Elle connaissait le prix des soins, sa petite retraite ne permettait pas beaucoup d’écart mais il fallait sauver minette.

Une minette mal en point avait dit le vétérinaire, il faut la mettre sous oxygène, il lui avait fait une piqure.

Mamie Jeanne s’était inquiétée du prix. Il lui avait répondu que si elle ne guérissait pas il vaudrait mieux la piquer. Que pour le moment ce serait autour de 90€ mais qu’il ne garantissait pas de la sauver.

Mamie Jeanne n’avait pas hésité, elle avait abandonné minette aux soins du vétérinaire.

Le lendemain elle était allé récupérer minette, la secrétaire lui avait dit qu’il serait préférable selon le docteur de la garder un jour de plus.

La brave dame craignait le tarif, au total 120 à 130€ …

Mamie Jeanne avait pu voir et caresser minette et la trouver ragaillardie lui avait mis du baume au cœur.

Elle était repartie rassurée, 120€, la paire de chaussures qu’elle avait repérée et le petit gilet attendraient … après tout …

Minette était rentrée à la maison et dévorait tout ce que mamie Jeanne trop heureuse lui présentait.

C’était bien un peu difficile de lui donner ses comprimés, avec un peu de malice et d’efforts mamie Jeanne avait fait tout le traitement.

Elle était revenue comme l’avait dit la secrétaire voir le vétérinaire.

Il avait regardé minette, avait constaté l’amélioration et prescrit une plaquette de comprimés.

38€ avait demandé la secrétaire en remettant la facture.

Tout ça pour 5 min et quelques pilules avait pensé mamie Jeanne qui avait rapidement fait le compte, 160€ au total.

Il y avait 5 jours que le traitement était terminé et la mamie Jeanne que je rencontrai ce matin là était bien soucieuse.

Minette était à nouveau malade et mamie Jeanne ne pouvait la ramener chez le vétérinaire, alors elle était allée chercher les comprimés pour la soigner toute seule.

Mamie Jeanne ne comprenait pas pourquoi les comprimés qu’elle avait payé un peu plus de 5€ étaient maintenant à plus de 6€.

Elle me racontait que les gens ne comprenaient rien, qu’elle avait parlé de ses misères à monsieur Jeannot son voisin.

Il lui avait dit « vous feriez mieux de lui donner le bouillon d’onze heure à votre bête, un coup de fusil et basta … »

Quel sauvage avait pensé mamie Jeanne, et la nuit même elle avait fait un cauchemar.

Un docteur tout en blanc et souriant l’examinait à elle mamie Jeanne et disait, « bon à l’âge qu’elle a on ne va pas agrandir le trou de la sécu, on l’achève et on n’en parle plus ».

La pauvre dame s’était réveillée en sueur et avait réfléchi jusqu’au matin, elle avait beaucoup pensé, beaucoup trop…

Je n’ai pas vu mamie Jeanne pendant presque une semaine mais quand je l’ai croisée elle m’a parlé de la mort de minette.

La petite chatte avait recommencé à ne plus s’alimenter et malgré le traitement allait de plus en plus mal.

Mamie Jeanne, le cœur gros s’était renseignée pour les soins mais c’était trop cette fois, il fallait payer l’électricité, l’eau et même en se privant elle ne pouvait pas y arriver.

Elle avait téléphoné pour connaitre le prix d’une piqure qui mettrait fin aux souffrances de minette.

90€ avait répondu la secrétaire.

Alors mamie Jeanne qui n’était pas du genre à revendiquer et à se plaindre avait veillé minette jusqu’à sa mort.

Elle avait souffert autant que la petite bête, elle avait tellement souffert qu’elle avait même songé à la sauvage solution de monsieur Jeannot mais elle n’avait pas pu.

D’ailleurs, il n’était pas méchant ce bourru de monsieur Jeannot, quand il l’avait trouvée en pleurs devant sa porte il avait essayé de la réconforter.

C’est lui qui avait cherché une petite boite et fait un trou dans le jardin près des pivoines où minette aimait se reposer.

Mamie Jeanne avait encore les larmes aux yeux en me racontant la fin de minette.

Maladroitement, j’essayais de lui dire qu’il fallait retrouver un petit compagnon, mais mamie Jeanne comme une cruelle sentence affirma qu’elle n’avait pas les moyens.

  • C’est trop cher pour moi madame Marie, je ne veux pas revivre ça !
  • Vous savez, mon cauchemar me poursuit, je rêve souvent que je suis vieille et …

Je ne sais pas si j’ai trouvé les mots pour réconforter mamie Jeanne, pour la convaincre que jamais on ne la traiterait comme dans son cauchemar.

Je ne sais pas si ma voix était assurée, je ne sais pas d’ailleurs si j’étais persuadée de ce que j’avançais.

Mamie Jeanne après un rapide baiser a continué son chemin et j’ai regardé un moment sa silhouette s’éloigner …

Je me suis promis d’aller la voir bientôt en amenant mon chien Philou pour la distraire.

Ha mamie Jeanne, vous ne résisterez pas, vous vous laisserez émouvoir par une petite boule de poils, un vulgaire chat de gouttière qui ne demande que de l’amour.

De l’amour c’est vrai mais aussi des soins, parfois trop onéreux pour beaucoup.

L’amour ne peut pas tout, il faut aussi l’argent, bien trop d’argent…

Marie Gabrielle Gimenez

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